UFC-QUE CHOISIR 56

Santé

bon baiser des moustiques!

Inégalité face aux attaques de moustiques.

Quiconque a jamais, avec des amis, campé ou marché dans la nature, n’a pas manqué de remarquer comment les insectes semblent préférer la chair des uns plutôt que celle des autres. Quelques âmes en peine sont entièrement couvertes de cloques rouges qui démangent et d’autres demeurent miraculeusement épargnées.

Mesurer le « taux d’attirance »

Des scientifiques se sont penchés sur ce mystère. Ils ont étudié les différentes formes d’attirance que représentent nos odeurs corporelles vis-à-vis des moustiques. Et plus spécialement de la variété Aedes aegypti, à qui allaient être confrontés en laboratoire des volontaires recrutés au sein d’un groupe de jumeaux de sexe féminin : « vraies » jumelles pour certaines, « fausses » jumelles pour les autres. Utiliser ces deux sortes de jumeaux servait à bien distinguer les effets de l’inné et de l’acquis, ce qui est dû aux gènes et ce qui est produit par l’environnement.

Chez les humains, c’est la seule façon d’estimer convenablement la contribution de la génétique dans la différenciation entre les individus. Ces jumelles plongèrent leurs mains dans les deux ouvertures d’un dôme hermétique en plexiglas spécialement conçu, à l’intérieur duquel les odeurs attiraient ou, au contraire, repoussaient 20 moustiques femelles. À chacun des sujets fut attribué un taux d’attirance des moustiques, comparé ensuite à l’autre main, à la seconde extrémité du dôme. Et, comme il fallait s’y attendre, les vrais jumeaux ayant en commun la totalité de leurs gènes ont eu de façon constante des scores plus ressemblants que ceux des faux jumeaux, mettant ainsi en lumière un composant génétique évident. Selon cette comparaison, 67 % des différences entre les personnes sont dues à leurs gènes.

Repousser avec l’odeur

Pourquoi est-ce le cas ? Dans une précédente expérience impliquant des jumeaux, il était prouvé que l’odeur des aisselles perçues par le nez humain avait une base génétique, démontrant que des variations génétiques nous différencient, contrôlant à la fois les odeurs perçues et les odeurs chimiques produites. Idem pour les moustiques qui connaissent également des variations importantes quant aux odeurs naturelles et aux effluves chimiques qui les attirent et les repoussent.

Des espèces différentes de moustiques préfèrent telle ou telle partie de notre corps plutôt que d’autres. L’espèce Aedes gambiae choisit prioritairement les odeurs de nos mains et de nos pieds plutôt que celle de l’aine et des aisselles.

Vos microbes bien à vous

Nous avons tous des espèces microbiennes particulières à l’intérieur de notre bouche, dans notre intestin et sur notre peau. Nous partageons juste une petite fraction d’espèces microbiennes avec les uns et les autres, mais nous avons cependant une unique empreinte digitale microbienne comme signature.

Des études récentes ont mis en évidence l’importance que possèdent les gènes pour influencer quel type de bactéries intestinales foisonne en nous – et le phénomène est vraisemblablement similaire en ce qui concerne notre peau. Nos 100 000 milliards de microbes dépassent nos propres cellules humaines dans la proportion de dix pour un. Nous ne les choisissons pas : ce sont eux qui nous choisissent en fonction de notre profil génétique. Cela signifie que, tout comme les moustiques, si certains microbes préfèrent coexister avec nous, d’autres nous trouvent plutôt déplaisants et vont s’installer ailleurs.

La diversité de nos microbes contribue à notre santé. Ils sont aussi responsables de la plupart de nos effluves et autres odeurs. Même un lavage des mains régulier n’arrive pas à chasser ces bactéries.

Donc, la prochaine fois qu’un moustique vous piquera la cheville, n’invoquez pas le mauvais sort ou votre répulsif bon marché. Pensez plutôt aux processus incroyables d’assortiments, mariant votre mélange de gènes spécifiques avec une communauté particulière de microbes qui se nourrissent de votre peau et produisent un phénomène chimique que seules certaines espèces de moustiques trouvent irrésistible.

Extrait d’un article de l’INC.